Le bégaiement est un trouble de parole d’origine neuromusculaire. Environ 10% des enfants bégaient à un moment ou un autre au cours de leur enfance, mais le problème de bégaiement persisterait seulement chez 1% de la population.
Il affecte la coordination des organes et des muscles pour produire la parole (cordes vocales, langue, lèvres, mâchoires, muscles de la respiration, etc.). Plusieurs personnes héritent à la naissance d'un système de parole plus fragile (prédisposition génétique). Cette fragilité de la parole peut être influencée par plusieurs facteurs personnels et environnementaux comme la fatigue, le stress, les émotions, l’interlocuteur et ses attitudes de communication, les contraintes de temps, etc.
Le bégaiement se manifeste par des moments de bégaiement aussi appelés disfluidités. Les blocages et les prolongements de sons ainsi que les répétitions de sons, de syllabes, de mots ou de parties de phrases en sont des exemples. Le bégaiement peut également se manifester par des comportements secondaires présents lors des moments de bégaiement. Par exemple, on peut noter des mouvements comme des clignements des yeux, des hochements de tête ou des mouvements des pieds ou des mains. Ces manifestations s’appellent des mouvements associés. La fluidité de la parole correspond à une parole qui ne présente pas de moment de bégaiement, on dit alors que la parole est fluide.
Le bégaiement est un trouble qui apparaît le plus souvent durant l’enfance, entre 2 et 5 ans. Chez plusieurs enfants d’âge préscolaire, il est possible d’observer un bégaiement transitoire, c’est-à-dire un bégaiement pour lequel il y aura une récupération spontanée, sans intervention. La récupération spontanée se produit normalement dans l’année suivant l’apparition du bégaiement.
Souvent, le bégaiement est héréditaire. Si un des membres de votre famille ou vos parents ont déjà bégayé, votre enfant a plus de probabilités qu’un autre de bégayer également.
On ne connaît pas encore la cause exacte du bégaiement, mais il serait relié à une difficulté de synchronisation des différents mécanismes impliqués dans la production de la parole soit la respiration, la phonation et l’articulation. Ainsi, la cause du bégaiement ne serait pas la gêne, la nervosité ou un problème affectif. Notons toutefois que ces facteurs peuvent contribuer à augmenter le bégaiement. Il n’y a pas de profil-type de tempéraments d’enfants qui bégaient et l’attitude parentale ne cause pas le bégaiement.
L’apparition du bégaiement a souvent tendance à être associée à un événement marquant (ex: entrée à l’école, divorce des parents, retrait de la suce, déménagement, nouveau bébé…), mais ces événements n’en sont pas la cause.
Souvent le bégaiement est présent bien avant, mais le premier stade d’apparition passe inaperçu pour plusieurs.
Maintenir le contact visuel et demeurer détendu même si la situation est inconfortable
Mettre l'accent sur des activités non verbales lors des journées où le bégaiement est plus présent
Encourager l'enfant à apprivoiser progressivement les situations où il doit parler devant un grand groupe
Valoriser les forces et les talents de l'enfant
Rester calme et faites preuve de patience
Soyez attentif à ce que votre enfant vous dit plutôt qu’à la façon dont il le dit
Évitez de lui dire de prendre son temps pour parler ou de parler mieux
Ne terminer pas les phrases à sa place
Évitez les successions de questions, laissez le temps à l’enfant le temps de répondre et prenez le temps de l’écouter.
Ayez des moments privilégiés avec l’enfant pour parler afin qu’il vive des expériences positives de parole
Soyez un bon modèle de parole, diminuer votre débit de parole, faites davantage de pauses dans votre discours
Parler à un inconnu
Parler au téléphone
Parler dans une situation remplie en émotion
Parler à un auditeur inattentif ou distrait
Devoir attendre longtemps pour parler
Devoir répondre rapidement
Être interrompu
Subir des moqueries
Être coincé dans des contraintes temporelles
Avoir deux actions à faire en même temps
Chez plusieurs enfants d'âge préscolaire, il est possible d'observer un bégaiement transitoire, c'est-à-dire un bégaiement pour lequel il y aura une récupération naturelle, sans intervention.
Par contre, près d'un enfant sur trois présentera du bégaiement persistant (Onslow, 2017), c'est-à-dire que des interventions en orthophonie seront nécessaires pour que cet enfant puisse être plus fluide et à l'aise de communiquer.
Il est important de consulter rapidement quand vous remarquez l'un des éléments suivants chez l'enfant :
Une ou plusieurs personnes de la famille bégaient depuis plusieurs années (prédisposition génétique de bégaiement persistant);
Le bégaiement devient plus sévère au fil des mois suivant son apparition;
Il pleure, il se fâche, il s'isole ou il refuse de parler à cause de son bégaiement.
Le Programme Lidcombe, les techniques de façonnement de la fluidité et la modification du bégaiement sont trois types d’intervention qui sont utilisés pour traiter le bégaiement. Ces interventions peuvent aussi être combinées pour augmenter l’efficacité du traitement selon les besoins du jeune.
Lorsque nécessaire, un traitement visant à réduire les attitudes négatives et les émotions désagréables associées au bégaiement peut être offert par un orthophoniste ou un psychologue.
Le Programme Lidcombe
Le Programme Lidcombe est un traitement basé sur le renforcement positif et négatif. Bien qu’ayant été créé au Australie, ce traitement est largement utilisé au Québec par les orthophonistes pour traiter le bégaiement chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire. Il vise à améliorer la fluidité de la parole de l’enfant.
Ce type de traitement demande une grande implication de la part du parent, car c’est lui qui applique la majorité du traitement à la maison, soit environ 10 minutes par jour. Lors des thérapies hebdomadaires, l’orthophoniste enseigne le traitement au parent et suit l’évolution de l’enfant.
Les techniques de façonnement de la fluidité
Cette approche d’intervention est principalement utilisée avec les enfants d’âge scolaire et les adolescents et les adultes. Elle vise à amener le jeune à modifier la production de sa parole pour la rendre plus fluide.
Cette modalité d’intervention consiste à enseigner des stratégies au jeune lors des thérapies en orthophonie dans le but de les utiliser dans son quotidien pour favoriser la fluidité. Dans le cadre de ce traitement, le jeune doit effectuer des exercices à tous les jours pour pratiquer ses stratégies de fluidité pour transférer et généraliser sa fluidité dans son quotidien.
La modification du bégaiement
Cette approche d’intervention est principalement utilisée avec les adolescents et les adultes. Elle vise à amener le jeune à comprendre ce qui se passe quand il bégaie pour éventuellement améliorer sa parole, par exemple en relâchant la tension musculaire.
Cette technique aide à diminuer les émotions négatives face au bégaiement (désensibilisation) et à augmenter le sentiment de contrôle lorsqu’un moment de bégaiement survient. Dans le cadre de ce traitement, le jeune doit également effectuer des exercices à tous les jours pour transférer et généraliser ses habiletés dans son quotidien.
Sources : Centre de réadaptation Marie Enfant du CHU Sainte-Justine